Vague d’art sur la côte Atlantique

Editions Vision – 2022

Besoin de rien que d’une planche et d’un feutre. L’œil rivé sur l’océan et l’horizon, une vie au rythme des vagues… Le surf a formé toute une déferlante d’artistes dont le trait de crayon sublime la côte Atlantique. Une lettre d’amour à ces paysages iodés et à ces hommes et femmes qui ont fait de l’Océan et ses rouleaux scintillants leur propre terrain de jeu.

Longtemps, le surf a été l’apanage des hommes: les rois et chefs de tribus hawaïennes au départ, les icônes des films hollywoodiens plus tard. Les hommes sur les planches, les filles sur la plage. Nous sommes en 2022, et le surf, depuis, s’est grandement démocratisé. Entraînant sur cette nouvelle vague toute une génération de femmes bien décidées à s’imposer dans un monde où on ne les attend pas forcément. 

Prêtes à remuer les océans, elles ont fait du surf et de la plage leur mode de vie. Originaires du Bassin d’Arcachon, de la côte landaise ou basque, elles ont trouvé dans l’océan une source d’inspiration. Entre les scènes de surf et paysages de l’Atlantique, des instants de vie sur l’eau, sous l’eau, croqués avec amour et bienveillance. Des illustrations qui sentent bon le sable fin, la wax et les cheveux salés. À travers le prisme des vagues et des corps, c’est tout un art de vie qui est ici célébré. Une manière aussi de sublimer la richesse de nos océans et la diversité des femmes dans le surf.

« Les FILLES DU SURF », Le surf positif et inclusif

Des femmes rondes, pulpeuses, bronzées, pâles, brunes, blondes… Des femmes libres, décomplexées qui chérissent autant leur liberté que leur passion pour le surf. Derrière ces illustrations aux lignes audacieuses, se cache Jeanne, surfeuse de la côte basque. Originaire de l’île de Ré, elle s’installe au Pays Basque il y a six ans, après des études de graphisme à Bordeaux. Directrice artistique de Surf session Mademoiselle, à Biarritz, elle dédie son quotidien aux sports de glisse. Très vite, elle se frotte à une industrie du surf dans laquelle elle ne se reconnaît pas: une culture ultra stéréotypée de nanas, davantage mises en avant par leurs physiques que leurs performances. Pourtant, si le surf a toujours été considéré comme un sport plutôt masculin, Jeanne reconnaît qu’il y a de vrais progrès à noter. « Les femmes surfeuses se montrent plus, prennent plus de place, et c’est tant mieux. Si les raisons qui les ont menées à l’océan sont nombreuses, elles y ont toutes trouvé des réponses. Au peak, il y a vraiment une super ambiance entre filles. Elles se dépassent toutes, affrontent leurs peurs, s’amusent et surtout se soutiennent mutuellement et prennent soin les unes des autres. »

Dans ses œuvres minimalistes et pleines de pep’s, Jeanne entend bien donner une véritable place aux surfeuses. Véritable ode à la femme, son corps et sa liberté, ses dessins colorés mettent sens dessus dessous les diktats de l’idéal féminin. Derrière ces grands aplats de couleurs pastels et courbes toutes en douceur, Jeanne célèbre un univers d’eau salée accessible à tous et toutes. Un environnement positif et inclusif, où la diversité des femmes répond à la poésie des paysages. « Dans mon imaginaire, la femme est puissante, inspirante et en connexion perpétuelle avec la nature. Mais on ne peut pas la résumer à une seule vision, un seul physique. » Ses œuvres, qu’elle appelle « analyses illustrées des filles qui surfent » deviennent alors une safe place bienvenue, dans un monde trop souvent stéréotypé. 

Une bande-son nourrie aux influences indies et folk des années 70. C’est ce que l’on entend en regardant les illustrations solaires et joyeuses de Jeanne. Sous ces traits épurés et couleurs solaires, on devine des paysages de la côte basque, mais surtout ces femmes joyeuses et indépendantes que l’on croise tous les jours sur nos plages. « Les femmes que je montre, ce sont celles que je croise lorsque je vais surfer. C’est aussi une manière aussi de garder en mémoire toutes les femmes incroyables que j’ai rencontrées en surfant. Comme une lettre d’amour à la belle et diverse communauté de surfeuses ». Des ondes de self love ensoleillées à partager sans modération.

Plus d’infos: @lesfillesdusurf

« LE CORAZON », ONDES DE SELF LOVE ENSOLEILLÉES

Les dessins colorés et ensoleillés de Louise Lecoeur sont l’équivalent illustré d’une bonne dose de vitamine C. Son art est efficace, vibrant, solaire. Dans un savant jeu de formes et de nuances acidulées, elle nous plonge dans un entre-temps intemporel et magique. Un univers joyeux et coloré tout droit inspiré de ses souvenirs, de son quotidien. 

Originaire de la côte basque, Louise navigue entre Paris et Biarritz depuis quelques années. Si elle a le souvenir d’avoir toujours dessiné, c’est durant ses études en école d’architecture qu’elle s’y penche sérieusement. Pratique du fusain, travail des volumes au pinceau… Pour donner vie aux espaces, elle apprend, en autodidacte, à représenter les ombres et les lumières. Un thème très important dans ses illustrations. Puis, peu à peu, des petits personnages s’invitent gentiment sur ses croquis. Le corps devient alors sujet principal. Un corps sans genre mais bourré d’énergies qui deviendra vite la signature de Louise, alias Le Corazon. C’est en plein confinement, quand on n’avait pas le droit de s’amuser, qu’ont été véritablement créées les formes de Le Corazón. « Ma première illustration a été réalisée pour le concours d’affiches du Bataclan, durant le confinement. En réponse à cette période où l’on ne pouvait plus véritablement s’amuser, l’idée était de représenter des corps qui dansent, s’agitent, font la fête… Une mosaïque de nuances et de personnages qui, ensemble, forment une unité optimiste et colorée». Pour la technique, Louise l’admet « c’est très intuitif: je dessine, je découpe, je colle, je superpose, j’ajuste les couleurs. » Sa palette, solaire et explosive, nous entraine dans les rues vivantes du Mexique: « le bleu électrisant de Frida Kahlo, la chaleur des jaunes des maisons d’Oaxaca.… Le couleur a ici plusieurs lectures: elle retranscrit les ombres et lumières des mouvements, et peut délimiter autant un élément anatomique qu’une émotion».  Bonheur, joie, ivresse. C’est au choix.

Pour trouver l’inspiration, Louise se nourrit de l’océan, des vagues, du soleil, de la danse, de la fête… Des décors tout droit inspirés de la côte. Adepte du bodysurf, Louise se dit fascinée par l’esthétique du longboard: la forme de la planche, la sensation de glisse, la posture… La jeune illustratrice s’imprègne de toutes ces énergies libératrices et prend le temps d’observer ces paysages qu’elle côtoie depuis toujours. La côte des Basques, la montagne, la villa Belza ou la plage de la Milady, autant de spots que l’on retrouve dans ses illustrations. 

On y retrouve des inconnus, des passants, des copains, des mannequins, Louise elle-même parfois… « Ce que je veux représenter c’est toute la beauté des corps, dans leurs mouvements, leurs proportions, leurs ombres et lumières. Il n’y a pas de question d’expression de genre, de classe sociale ou d’origine. » Les illustrations de Louise mettent en valeur cette diversité et cette universalité des êtres. Un univers insouciant et grisant que l’on retrouve dans sa nouvelle série « Les corps heureux » ou à travers sa collaboration avec la marque basque Atxi.

Plus d’infos: @le_corazon 

« ROMAROUND », La vie sous l’océan

Vivre plus proche de l’océan pour avoir plus d’inspiration. C’est ce qui a convaincu Victoria Firth de poser ses valises à Biarritz. Après avoir étudié les beaux-arts au Royaume-Uni, la jeune anglaise décide de partir à l’aventure autour du monde. En Nouvelle-Zélande, elle explore les océans à bord de Roma, son petit bateau qui l’entraîne à la découverte de la vie marine locale. Elle y côtoie dauphins et baleines, et prend conscience de la richesse de cet écosystème. L’été, c’est en Europe qu’elle vadrouille avec son van. Travailler-voyager-dessiner-recommencer. Puis finalement décider de s’amarrer un peu sur la côte basque: «C’est un territoire très spécial pour moi, j’y ai découvert le monde du surf, mais aussi des paysages très inspirants et cet authentique art de vivre ».

Si Victoria a toujours dessiné, cela fait seulement cinq ans qu’elle confirme avoir trouvé sa voie. Un style fait de petits points et gros poissons: « Je vivais en Nouvelle-Zélande, dans un coin absolument paradisiaque, quand j’ai dû rentrer d’urgence au Royaume Uni. Prise de nostalgie, c’est à ce moment-là que j’ai commencé à dessiner cette vie aquatique que je venais de quitter. Véritable remède au stress, le dessin est devenu pour moi une forme de méditation, essentielle à ma santé mentale. »

Armée d’un simple crayon à la mine extra-fine, Victoria nous embarque avec elle dans son univers. Un monde paisible, lumineux, ondoyant. Chipirons, baleines, orques… Sous ses traits – ses points plutôt- c’est toute la faune aquatique qui prend vie avec un réalisme époustouflant. Cette vie sous l’océan que l’on s’imagine, que l’on devine, mais que rarement on ne voit. « Nous avons la chance de partager le monde avec des créatures magnifiques, il est important pour moi de le rappeler », sourit l’illustratrice. Entre tattoo, toiles, murales XXL ou planches de surf, Victoria pratique l’art du pointillisme: ses dessins sont constitués de millions de minuscules points dessinés à la main. Un boulot de titan. Et un travail de fourmi. « Tout est méticuleusement pensé, et je trouve cela très apaisant. Ce n’est pas une question de patience, juste de passion. Parfois, je travaille en continu pendant des jours, chaque planche de surf peut prendre plus de 30 heures! »

Aujourd’hui, les œuvres de Victoria sont exposées aux quatre coins du monde et l’artiste multiplie les collaborations, toujours autour de l’océan. Cette année, elle se consacre à un nouveau projet avec les artistes @aurelie.andres et @french_da_kid. Affaire à suivre…

Plus d’infos: @romaround_

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