Damien Castera, entre surf et quête de sens

D’aussi loin qu’il se souvienne, Damien Castera a toujours été fasciné par les histoires d’aventure. Après avoir longtemps enchaîné les compétitions de surf et traqué les vagues à la mode, ce surfeur redéfinit aujourd’hui la notion de surftrip. Heureux comme Ulysse de renouer avec l’aventure, la nature sauvage et la liberté.

Né à Bayonne en 1983, Damien Castera découvre l’océan très tôt avec ses parents, tous deux passionnés de plongée sous-marine. Le jeune homme passe son enfance à explorer les fonds marins et bivouaquer sur les terres sauvages de la Galice. Sa curiosité des écosystèmes, son amour du « dehors » et des territoires sauvages, c’est à eux qu’il le doit. Entre deux plongées, le jeune aventurier se nourrit des récits de Jack London, Sylvain Tesson ou Maurice Herzog.

C’est à onze ans qu’il débute le surf en shortboard d’abord, puis en longboard. Rapidement, il rejoint les rangs de la compétition et signe de beaux résultats en coupe d’Europe et au championnat du monde. Mais en 2011, à l’heure des rendez-vous avec soi-même, Damien décide de quitter le surf business pour renouer avec sa soif d’exploration.

Son but désormais : réconcilier les sports de glisse avec l’esprit d’aventure. Retrouver les chemins de traverse, se confronter à ses propres limites et sa résilience. Planche sous le bras, carnet entre les mains, le freesurfer sillonne aujourd’hui les coins reculés du monde à la découverte de nouvelles cultures et territoires hors du temps. Le surf n’est qu’un prétexte pour explorer les vastes monts et mers lointaines, l’immensité du monde, et le cœur des hommes.

Aventures et explorations

Le déclic s’opère lors de son voyage en Alaska. Deux mois d’exploration pour découvrir des vagues inexplorées, bivouaquer, pêcher, partager le territoire des ours, et surfer avec les orques au pied des montagnes enneigées. Le début d’une véritable redécouverte de soi, d’un retour à l’essentiel, qu’il va nourrir à chacune de ses expéditions. Ce voyage vers la liberté le mènera en Norvège, au Libéria, en Namibie, au Chili, en Papouasie-Nouvelle-Guinée… Là où liberté rime avec imprévu. Là où chaque étape est une occasion nouvelle de découvrir l’Autre. Derrière les motivations culturelles, environnementales ou sportives, l’exploration est pour lui une manière infaillible de saisir la substance des choses. Aux côtés de Nicolas Hulot ou Thomas Pesquet, Damien est aujourd’hui membre de la Société des Explorateurs Français.

Dans ses films, soigneusement documentés, le surfeur des extrêmes revient sur ses expéditions, immersives et poétiques, qui ont forgé son caractère d’aventurier. Tour à tour, il nous embarque dans la nuit polaire des îles Lofoten avec Aurora Riding North, avant de s’élancer dans Lost in Namibia, sur la côte namibienne et la fameuse Skeleton Bay. En juin 2018, c’est au Libéria qu’il s’aventure à la rencontre d’anciens enfants soldats pour qui le surf est devenu un moyen de se reconstruire. Son film Water Get No Enemy se fait témoin de cette réalité historique sensible et de l’aspect exutoire du surf. Lors de sa dernière aventure, le surfeur a rejoint l’équipage de Nomade des mers pour un cabotage de 2000 km le long des côtes mexicaines. Le programme: voyager au fil du vent en profitant des escales pour glisser au rythme des vagues. Le tout en autonomie grâce aux low-techs développées à bord.

Sa curiosité des écosystèmes, son amour du « dehors » et des territoires sauvages, c’est à eux qu’il le doit

En voyageur attentif et curieux, Damien observe, note et s’interroge sur le monde qui l’entoure. Avant une expédition, il aime se plonger dans les livres, les grands textes de la littérature, des articles anthropologiques. Il va étudier les cartes, peaufiner l’itinéraire, se documenter sur l’histoire des peuples… Les feuilles de route se mêlent aux réflexions environnementales, et au milieu des récits de surf et d’exploration, la petite histoire rejoint la grande. 

Au fil des voyages et des pages de son journal de bord, il consigne ses pensées, et se fait le chantre du « wilderness », cette nature sauvage tant fantasmée. Il raconte l’océan et ses humeurs capricieuses, le sifflement du vent, la patience, l’amitié, le courage. Il questionne l’éthique en voyage, le dépassement de soi et la solidarité dans l’effort. À travers ses récits d’expéditions, c’est toute la beauté de ses terrains de jeux qu’il souhaite célébrer.

Dans sa série documentaire ODISEA ou son livre « Du flocon à la vague”, Damien Castera nous embarque dans l’odyssée fascinante d’une goutte d’eau, des cimes enneigées du Grand Nord, jusqu’au Golfe d’Alaska. Avec Mathieu Crepel, son fervent compagnon de route et snowboarder chevronné, ils vont relier les sommets enneigés de glacier Bay, en Alaska, à l’océan Pacifique. Un voyage à mi-chemin entre le surf trip et l’expédition environnementale, avec l’eau comme fil d’Ariane. Snowboard, packraft, canoë, surf… la glisse célèbre l’esprit de liberté et devient prétexte à mettre en relief la fragilité des écosystèmes. 

Au rythme de la nature, il va connaître l’ivresse des montagnes, les nuits sous les étoiles, le calme des grands espaces et le vertige de l’inconnu. Construire des cabanes dans la forêt, grimper des montagnes, descendre des rivières, rencontrer des indiens et des chercheurs d’or… Comme une réponse à ses rêves d’enfant, ce voyageur insatiable se nourrit de la beauté du monde. Dans la lignée de ses pères spirituels, le surfeur se dit aujourd’hui heureux, libre.

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